Pour la dernière étape de notre voyage, nous allons tenter de sonder l’âme kiwi : par la découverte du célèbre massif emblématique d’Aoraki / Mont Cook et ses merveilles de montagnes, puis en allant à la rencontre d’une famille et de sa vie quotidienne au travers d’une belle expérience de wwoofing (volontariat dans une ferme bio).
Après les retrouvailles avec Caro sur les rives du lac Wakatipu, nous avons pris la route des montagnes. Et elle est bigrement jolie, cette escapade asphaltée ! Nous remontons de larges vallées jusqu’à déboucher au lac Pukaki. Et là, autant vous le dire tout de suite, c’est sublime. Les couleurs turquoises du lac sont invraisemblables. Avec l’arrière-plan de montagnes enneigées du parc national Aoraki, on en a le tournis : on en prend plein les mirettes.
Et dire qu’on va longer ce lac 20 km durant, à savourer ce délice de paysage ! Un régal. On ne se prive pas de faire notre pause déjeuner dans les parages, avant de se faire envahir par les hordes de touristes asiatiques.
Puis l’on va s’installer au camping local, un gigantesque terrain bosselé au pied des géants du coin : 2000 à 2500 m de dénivelé nous séparent des sommets environnants, tous à portée de main. C’est écrasant.
Une fois la tente montée, nous ne perdons pas de temps et nous équipons afin d’aller arpenter le sentier menant au lac Hooker et sa langue glaciaire. C’est un parcours aisé (très faible dénivelé) et bien balisé dans un cadre grandiose donc c’est logiquement très fréquenté. Nous remontons le long du lac Mueller, de la rivière Hooker, et enfin, du lac Hooker. Le fort vent de face nous oppose les principales difficultés de la journée (tant pour le froid que des efforts supplémentaires) mais, comme on dit, ça fait la caisse…
Nous savourons la vue sur le lac en tentant (vainement) de s’abriter du vent. Le front de glacier plongeant dans les sombres eaux du lac est imposant autant que ‘ludique’. Les bouts de séracs et autres glaçons flottant en surface amèneraient une touche de fun, si ce n’était pas, par ailleurs, la triste preuve d’une fonte accélérée liée au dérèglement climatique. La large vallée à nos pieds en est un autre exemple, formée bien trop rapidement par le retrait du glacier Hooker et s’étendant désormais sur des dizaines de kilomètres… Ce n’en est pas moins beau ?!

Détails de la rando sur C2C.
La redescente, vent dans le dos ou presque, est expédiée car nous souhaitons passer à l’office du tourisme pour échanger sur les randos à envisager le lendemain. Manque de bol, malgré nos efforts, nous trouvons porte close. La météo est cependant affichée et elle est fort optimiste : cool ! Nous rentrons donc nous faire notre petite popote du soir au camping dans une ambiance très agréable d’un melting pot de randonneurs de tous horizons.

Levés fort tôt, nous sommes bien efficaces ce matin et entamons notre rando lorsque les premiers rayons du soleil touchent la vallée. Après un peu de plat pour l’échauffement, nous attaquons les choses sérieuses : 450 m de dénivelé en 1,7 km via 2200 marches ! Ça monte dré dans l’pentu ! Installés dans les 80s, ces escaliers en bois ancrés dans le sol permettent de passer là où il n’y a que de raides pentes buissonneuses peu praticables. Mais qu’est-ce que c’est raide : la clé est de bien gérer son rythme pour ne pas y couler une bielle… On atteint ainsi Sealy Tarns et ses 2 mares, mais la vue est ailleurs :

Nous poursuivons par un sentier moins raide jusqu’à atteindre un colu. La vue, dégagée, est superbement panoramique. L’on découvre ainsi tout le cirque qui nous entoure. Cela commence par le Sefton et son immense dégueuloir de séracs suspendus (avalanches garanties…), le Tasman dans le fond et, bien sûr, dominant son glacier serpentant sur des kilomètres, le Cook, élancé et fier. Nous savourons longuement cette vue démente, l’œil ne sachant où s’attarder tellement c’est beau de tous côtés…
Nous repartons finalement pour rallier rapidement le refuge Mueller, assez fréquenté. Nous y faisons une pause pour casser la graine.

Puis nous repartons vers le (presque) sommet du Mont Ollivier, un gros tas de cailloux qui offre une vue exquise sur le lac Pukaki :

Têtes et rétines bien remplies de ces vues somptueuses, nous redescendons dans la vallée à bon rythme (marches aidant). Et enchaînons sur un douche bien méritée, avec le luxe de ne pas se faire dévorer par les sandflies !! A la place, c’est nous qui dévorons notre repas du soir, vite fait préparé dans l’ambiance ‘ruche besogneuse’ de notre abri de camping.
Détails de la rando sur C2C.
Le lendemain, nous émergeons un peu tard, ayant mérité notre sommeil plus tardif. Cela se révèle juste à temps pour plier la tente avant d’être pris par la pluie : c’était moins une ! Nous avons ensuite le temps de prendre le petit déj’ sereinement, s’abritant des fortes ondées, car les amis ne doivent arriver qu’en fin de matinée. Nous leur laissons un mot là où cela nous parait le plus visible mais sommes heureux de tomber directement sur eux : Aurélie et Thibault ont campé à proximité et nous rejoignent juste. Nous sommes heureux de nous retrouver et nous mettons ensemble autour de la popote pour partager sur nos aventures respectives. C’est aussi l’occas’ d’esquiver une météo fort humide… Mais le ciel finit par se dégager et nous nous décidons à aller faire une baladette. Ce sera le lac Tasman, réputé pour ses glaçons flottant en surface. Si le parcours des Blue & yellow lakes porte fort mal son nom (ils ont perdus leurs couleurs depuis des siècles et sont désormais peu colorés, surtout avec une météo peu lumineuse), l’accès à un belvédère du lac Tasman nous réserve une belle surprise :
L’après-midi ensemble est vite passée, par ces baladettes entre les ondées. Et bientôt nous reprenons la route en soirée, non sans leur avoir prodigué nos maigres conseils sur les randos du coin. Avec les précipitations qui sont tombées cette nuit et aujourd’hui, ça va être sacrément beau tout de blanc vêtu !
Après quelques pauses sur notre route vers l’Est, nous finissons par nous établir le long des rives du lac Alexandrina, proche du lac Tekapo. Le camping parait un peu minable, mais il n’y a guère de choix dans cette zone : cela fera bien l’affaire pour une nuit !
Le lendemain est une journée mixte : mi-sport mi-détente. Nous commençons par une balade depuis la ville de Lake Tekapo pour monter à l’observatoire astronomique Mount John. En 1h de gentille marche, nous rallions un point haut dominant le lac. Les eaux sont aussi somptueuses que sur le Pukaki, d’un turquoise saisissant :
La vue dégagée permet d’apercevoir les sommets revêtus de leur manteau d’hiver suite aux chutes de neige récentes. C’est fort beau.
Malgré la fréquentation (accès routier = horde de touristes), ce petit dôme est ravissant, il offre des panoramas superbes sur les sommets environnants autant que les plaines du Sud. Vraiment top :


Nous redescendons puis récupérons nos affaires pour savourer la partie suivante : une piscine thermale… Nous nous régalons dans ces eaux chaudes et les sauna & hammam : un petit grain de relaxation dans cet océan de randonnées !! C’est tout floppy que nous sortons de là, avec cependant bien faim ! Nous allons donc nous poser en bord de lac pour nous autoriser une copieuse salade : après tout, c’est de saison en été !… Puis ne pouvons manquer une des plus vieilles églises (plutôt chapelle) du pays. En vrai, ça ne casse pas trois pattes à un canard, si ce n’est une étonnante baie vitrée derrière l’autel donnant sur le lac…
Puis il est temps de reprendre la route. Nous devons en effet nous rapprocher le plus possible de Christchurch ce soir pour avoir le temps de prendre sereinement notre vol le lendemain matin. Claire déniche un grand et agréable ‘free camping’ perdu dans la verdure à qq km de la ville : parfait ! Nous y arrivons après moult kilomètres de lignes droites, juste avant le coucher du soleil. Juste le temps de monter la tente avant que l’astre ne disparaisse. Nous sommes assez fatigués (la phase détente sans doute : on n’est plus habitués…) et ne tardons pas à nous mettre en PLS…
Pour notre dernière journée sur l’île Sud, c’est cumul d’opérations fastidieuses :
- nettoyage de tout notre équipement (popote, tente, …) pour
- s’en débarrasser auprès d’autres campeurs et de l’Armée du Salut
- nettoyage complet de la voiture de location (et faire le plein) pour
- la restituer à l’agence qui évidemment n’est pas à l’adresse indiquée…,
- refaire complétement nos sacs pour prendre l’avion,
- rallier l’aéroport en bus pour y malbouffer en attendant l’embarquement,
- enfin prendre notre vol pour revenir à Auckland.
La suite de la journée sur l’île Nord est un peu du même acabit avec bus urbain, attente au terminal routier puis bus inter-urbain pour rejoindre Tauranga. Et c’est après 3h-3h30 de routes tortueuses que nous sommes contents de découvrir qui est notre hôte de wwoofeurs que nous sommes : Amy. Elle est jeune, semble bien dynamique et sympathique. D’entrée, elle articule et écoute avec attention notre anglais pas toujours parfait (bel euphémisme !) : bel effort ! Puis, vue l’heure tardive, elle nous mène dans notre ‘coin’ : une dépendance de la maison, avec grande chambre, toilette et douche rien que pour nous ! Trop la classe. Elle est cool et ne nous met aucune pression quant-au lendemain… Ça commence bien ! Nous la remercions bien et tombons vite de fatigue.
Nous allons passer près de 2 semaines auprès d’Amy, de Shane son mari, de leurs 3 filles Makayla (15 ans), Indie (6 ans) et Portia (5 ans) et de July, la maman d’Amy. Nos journées sont rythmées par des activités telles que :
- désherbage des parterres laissés un peu à l’abandon par manque de temps, 3-4j,
- découverte de la cascade du coin, 1j,
- récolte des fruits mûrs de saison (pommes, poires, coings, rhubarbes puis figues) et travail de ces produits frais et bio pour consommation ultérieure (compotes, confitures, pâte de coings,…) ou… immédiate ! (crumbles, tartes tatin & normande,…), un peu tous les jours !,
- farniente sur la plage locale de Papamoa, 1/2j,
- préparation des sols du jardin et pose de graviers, 4j,
- sortie familiale au speed way, 1 soirée,
- tonte de la pelouse & taille des plantes, 1j,
- randonnette au volcan maritime dominant Tauranga, 1/2j,
- endurer stoïquement les caprices de Portia la petite dernière, tous les jours (sic !),
- partager une bonne mousse avec nos hôtes en terrasse dans la douceur d’un soir d’été, quelques fois,
- caresser l’espoir de découvrir la magnifique île volcanique de White Island mais vite revenir à la raison vu le coût exorbitant de l’aventure, souvent (!),
- mitonner un plat pour la famille même si pas toujours une réussite…, quelquefois,
- faire des exercices de musculation des cuisses pour préparer notre retour au pays en période de printemps enneigé propice au ski, tous les jours (hé, oui !),
- savourer les thermes situés à 2 pas de la maison entourés seulement de locaux, 1/2j,
- et surtout discuter à l’envie avec Amy et Shane de leurs envies, leurs projets, leurs vies, bref, de la vie.
Tout ça ne se met pas aisément en boîte, mais quelques clichés en forme de clins d’œil ne manqueront pas de vous faire palper l’atmosphère simple, paisible, sereine et optimiste qui règne à vivre auprès d’eux. Ce fut vraiment une belle expérience de vie, à la fois décontractée et cadrée, toujours dans le sourire et la relation. Charmant.
C’est ainsi, dans cette belle famille, que se termine notre périple néo-zélandais et, avec lui, notre année de voyages. Car toutes les bonnes choses ont une fin et, après 11 mois de vadrouille, il est temps pour nous de rentrer au pays. Nous sommes bien sûr heureux à l’idée de retrouver familles et amis, paysages et mets oubliés, culture connue et repères. Mais nous avons nos têtes emplies de visages, sourires, couleurs, odeurs, sons et autres saveurs que seuls l’errance, le temps et le mouvement du voyage nous ont permis de vivre. Aussi, le retour à la sédentarité occidentale et sa philosophie si différente risquent-ils de nous cueillir à froid. Mais ces sentiments feront l’objet d’un dernier chapitre…